YA KA FO CON

Publié le par Tristan

Quel plaisir de lire ces commentaires sur  « F comme … » . Je réponds à Dominique qui commence sont texte par « En fait, j'ai du mal avec ce mot: juger... Qu'est-ce qu'il veut dire? »

En effet qu’est-ce que juger veut dire ? Qu’est-ce que le jugement ? Quand on dit qu’il est préférable de s’abstenir de juger, qu’est-ce que cela implique vraiment ? Est-ce que cela veut-il dire que nous ne devons plus exercer notre discernement sur ce que nous voyons ? Nous ne devons plus juger les choses et les gens qui nous entourent et laisser tout un chacun libre de faire ce qu’il veut ? « Pour moi, le jugement est bien, il est vital pour la communication dans la société, et pour le maintien d'une certaine moralité. », rajoute Dominique.

Alors s’il on décide de s’abstenir de juger, en écoutant cette petite phrase « Qui es-tu pour juger le prochain ? » est-ce que cela signifie que l’on décide de s’abstenir des règles et des lois et que  tout un chacun pourra vivre selon sa morale propre ?

Il est effrayant de penser que cette chose qu'on a en soi, le jugement, n'est pas la justice. Le jugement, c'est le relatif. La justice, c'est l'absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et [un] juste.
Victor Hugo
Extrait de L'Homme qui rit


Juger peut s’entendre de différentes manières. Dans ma perception de ce mot il y aurait trois degrés.

Juger peut être le fait d’évaluer une situation, une relation, un événement, sans autre conséquence ou action. Le jugement est alors l’acte d’exercer son discernement et on parle souvent de bon ou mauvais jugement pour qualifier le discernement que l’on peut avoir sur la vie.

Juger peut être le fait de rendre justice. Et pour rendre justice, pour faire peser la balance de la justice à droite ou à gauche en fonction discernement que l’on peut avoir sur un événement impliquant des êtres, il faut maintenant rajouter une autre notion à l’évaluation. Il faut un référentiel qui dit ce qui est juste de faire ou pas juste de faire dans la société. Il faut une Loi.

Juger peut être le fait de faire porter une valeur morale sur les personnes en fonction de leur respect ou de leur transgression vis à vis de la Loi. Si une personne respecte la Loi, elles est dans le Bien, si elle transgresse, elle est dans le Mal.

N’est-ce pas lorsque l’on franchit cette troisième porte du jugement que les problèmes commencent ? Lorsque l’on a l’impression d’être jugé et que cela nous blesse, n’est-ce pas le sentiment d’avoir été déprécié qui nous peine et nous fait du mal ? Qu’est-ce qui nous a fait le plus de peine, d’être privé de confiture pour en avoir abusé ou que l’on nous dise que l’on est vilain ! Quand on est pris en flagrant délit, est-ce le montant de l’amende ou l’air suffisant et méprisant de l’agent qui agace le plus ? Qu’est-ce qui pèse le plus dans la balance ? Sentir que l’on est rejeté, déprécié comme étant une mauvaise personne, ou devoir s’acquitter d’une dette due à notre manquement aux règles de vie ?

Il semble que le problème du jugement ne soit ni le discernement, ni le fait que nous ayons besoin de règles et de moyens de les faire respecter.

Le problème ne vient-il pas du fait que nous rajoutons la notion du Bien et du Mal, de « Ce Qui Devrait Etre » ou « Ne Pas Etre », au lieu d’accepter « Ce Qui Est ». N’est-ce pas une terrible violence morale que de faire sentir à quelqu’un qu’il n’est « pas comme il faut ». Ces phrases qui commencent par « Tu devrais… », « Tu aurais du » ne sont-elles pas des violences faites à notre dignité d’être humain?

Vivre c’est comprendre ce que JE SUIS signifie. A chaque fois que l’on assène à un être notre vision de lui-même, que l’on déforme sont existence avec des « TU DEVRAIS »,  « T'AURAIS PAS DU », on l’éloigne un peu plus de sa propre compréhension et acceptation de ce qu’IL EST.

Au nom de qui ? au nom de quoi ? faisons-nous peser sur un être humain cette humiliation de lui dire qu’il n’est pas comme il devrait être ?

Pourquoi ne savons-nous pas rendre justice sans mettre en avant notre morale personnelle ?


PS : La lecture des 3 tomes de Conversation avec Dieu de Neale Donald Walsh, aux Editions Ariane est très éclairante sur ce sujet.

Publié dans Sujets de comptoir

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