F comme...

Quand la vérité est libre et l'erreur aussi, ce n'est pas l'erreur qui triomphe.

Roger Martin du Gard
Extrait de Jean Barois

L'autre soir on a fait un baccalauréat avec mes filles. A la lettre F, j'ai désespérément chercher un pays ou une capitale sans rien trouver. J'étais un peu dans la choucroute après un week-end bien chargé, mais quand même... Un pays qui commence par F...
« Finlande ! » a trouvé une de mes filles  !
« France ! » a dit l'autre.

Et moi, niet, rien, que dalle, j'ai séché sur la question. Un moment d'absence cérébral, encéphalogramme plat.

Tout d'un coup je me suis rappelé ma petite moquerie sur les américains dans l'article  Smile ! It's war. Je me cite, c'est trop drôle :
« Cela commence par une question éminemment complexe :
Quel pays commence par "U", une question qui équivaut pour un français à lui demander de trouver un pays qui commence par "F"... » et je me suis dit qu'elle était bien bonne celle-là ! Je me moque, je me moque, mais je ne vaux pas mieux finalement... Et encore, je n'avais pas un journaliste et une caméra sous le nez ! J'étais tranquillement installé dans mon canapé!


Qu'il est facile de se moquer et de critiquer les autres ! Et comme il est facile aussi de faire la collection de leurs boulettes ou de leurs bourdes et de les diffuser en paquet groupé pour donner une impression de très forte bêtise humaine !
Personne n'est vraiment a l'abri d'un moment d'absence, d'une inattention, d'un moment de total ridicule... Qui n'a jamais marché dans une crotte de chien ? Qui n'a jamais posé ses fesses sur un chewing-gum ? Qui ne s'est jamais tâché sa belle chemise en mangeant? Qui n'a jamais renversé un verre à table? Qui n'a jamais sorti une énormité en société? Qui n’a jamais oublié un rendez-vous ?

Nos vies ne sont-elles pas remplies de bourdes, gaffes et autres boulettes ?  Alors pourquoi continuer à perpétrer l'idée que le parfait, le sans erreur est la norme humaine ? Pourquoi perpétrer le jugement sur l'erreur des autres comme si elles ne devaient pas exister ?

Et finalement, ce jugement sur nos erreurs, sur nos manquements et autres absences de qualité, n'est-il pas un plus puissant handicap pour nous encourager à évoluer ? Juger une erreur, c'est l'empêcher de vivre non? C'est l'empêcher d'être vue, reconnue, identifier, accepté... Et comment accepter ses propres erreurs quand le jugement nous attend au coin du bois?
Si on emprisonne nos erreurs dans le jugement, alors comment s'en libérer ?

Si Roger Martin du Gard dit vrai, si « Quand la vérité est libre et l'erreur aussi, ce n'est pas l'erreur qui triomphe », et je pense sincèrement et profondément qu'il a raison, s'il dit vrai, alors je crois que nous marchons complètement sur la tête sur le chemin de la vie et de l'évolution de l'humanité à chaque fois que l'on juge quelqu'un à une de ses erreurs.

Je crois que s'il on veut vraiment faire bouger ce monde, il va être temps de comprendre cette petite phrase « Qui es-tu pour juger le prochain ? » (Jacques 4, 12), afin de comprendre cette avertissement, « Un aveugle peut-il guider un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou ? » (Luc 6, 39) C’est clair, j’y suis tombé dans le trou avec mon F comme …

Je crois qu’il est temps pour moi de décider de ne plus apporter de jugement sur quiconque et de chercher une autre attitude devant la vie.

Et vous ?


PS : L'actualité de la voyante c'est de la balle en ce moment, je vous conseille la lecture de C comme CULPABILITE