La vertue qui tue

Publié le par Tristan

« En tout, l'excès est un vice.»
Sénèque

Une petite pause entre tous ces articles un peu denses... J'aime bien cette citation et j'en ai eu à midi une belle illustration.

Si en TOUT, l'excès est un vice, alors la vertue, les dons ou les talents auraient-il eux aussi vraiment la possibilité de tomber dans le vice? Cela paraît invraissemblable, non ? Mais comment pourrait-on excéder dans la vertue?

Je lisais une biographie de Mozart, génie parmis les génies, homme d'un talent incontestatble, incommensurable, virtuose et surdoué, en avance sur son époque, sur son siècle, sur son millénaire même. Aujourd'hui encore les vertues de sa musique se font sentir jusque dans le fin fond de nos étables où il a été prouvé que la musique d'Amadeus a des vertues positives sur la production de lait.

Et bien cet homme illustre, si on le considère dans son intégralité et pas seulement sous l'angle de ce que connaissons de son oeuvre, fut si excessif dans son besoin de composer qu'il en oublia complètement de protéger sa vie et son travail dont une part fut détruite par ses ennemis jaloux.

Au final, à quoi donc ont servi ses heures utilisées à composer sans retenue et sans aucun ménagement pour lui même, sa famille et son bien-être... Bien sûr beaucoup d'oeuvres nous sont parvenues, mais d'autres n'ont jamais été écrites, et d'autres encore qui le furent ont été détruites par négligence.

Amadeus, n'aurait-il pas mieux fait encore en se ménageant un tant soit peu, pour terminer lui-même son Réquiem par exemple? Ou pour assurer la transmission de son oeuvre complète.
L'obsession musicale qui a fait le génie l'a aussi détruit en l'égarrant dans l'excès.

Avoir un don ou un talent de produire de grandes choses, de transmettre des messages, d'offrir des oeuvres artistiques, ou je ne sais quoi d'autre, nous affranchit-il de le transmettre et de le délivrer le plus sûrement possible?

A trop être porté et enflammé par ce qui nous pousse de l'intérieur, ne risque-t-on pas comme le papillon de nuit, de flamber sur la bougie?

A quoi sert un papillon mort?

Probablement qu'en tout, en effet, l'excès est un vice, oui. Cela n'empêche pas les papillons d'éclorent, ni Mozart d'avoir été Mozart, et l'essentiel de son oeuvre de nous être parvenu et de vivre en nous, mais cela devrait nous faire réfléchir à cette question : Mourrir dans la déchéance, la misère financière et morale est-il un but que la Vie nous demande de poursuivre? Le monde a-t-il encore besoin de martyr pour être accompli?"
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