Tous ego !

Publié le par Tristan

"La loi, dans un grand souci d'égalité, interdit aux riches comme aux pauvres, de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain."
Anatole France

Encore une petite citation tirée de l'excellent hors série de Courier International "La vie meilleure". 
Anatole France c'était l'autre siècle. Je le sens pourtant bien d'actualité.

Il y a quelques semaines en revenant du cinéma avec Marie-Lore, nous nous sommes arrêtés dans le métro devant une altercation qui avait l'air plutôt musclée entre 3 agents de sécurité de la RATP en tenu de Big Jim et une personne maigrichonne qui faisait la manche ou de la musique ou je ne sais plus quelle activité pour essayer de gagner quelques pièces.
Marie-Lore demanda ce qu'il se passait. Les agents répondirent qu'ils étaient en train de verbaliser cette personne.
- Pour quelle motif ?
- Parce qu'il stationne dans le couloir, c'est interdit, ça gène la circulation.
- Et peut-on régler cette amende pour cette personne?
- Non vous ne pouvez pas, c'est à elle de payer, et maintenant si vous ne bougez pas d'ici, on vous verbalise vous aussi.
- Vous le feriez?
- Oui, on le fera.

Nous sommes repartis héberlués. Il y avait dans la réponse de cet agent, le plaisir sadique de celui qui tenait sa proie entre ses pattes et ne voulait pas la lâcher. Il s'amusait l'esprit de la voir pétri de peur et en pleine souffrance.

Cette citation qui a un siècle est aujourd'hui complètement d'actualité. Relisons-là encore une fois. "La loi, dans un grand souci d'égalité, interdit aux riches comme aux pauvres, de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain."

L'ironie la rend drôle.

C'est aussi une réalité.


Je crois que nous avons besoin de regarder les choses en face : notre système s'il est vertueux par certains côtés, ne sait plus quoi faire de la misère et l'abandonne aux pires sentiments, sans garde fou.
Il y a un seuil en dessous duquel nous ne savons plus comment préserver la dignité de l'être humain et nous devons reconnaître que nous l'abandonnons et nous le laissons s'enfoncer dans la déchéance. Quand vous franchissez ce seuil, vous n'avez plus que la misère comme compagne, vous entrez dans l'illégalité, et vous devenez la proie des egos primaires qui se distraient avec des sentiments haineux.

La misère est là. La paupérisation croît. Soyons au clair avec cela et apprenons à avoir un regard plus juste et plus compatissant que la loi ne nous y invite. Plus nous serons à porter un regard bienveillant sur la misère, moins il sera facile de l'ignorer.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :