Les mots pour le dire

Publié le par Tristan

« Ne laissez pas les mots penser à votre place. Ayez une parole habitée. »
Jiddu Krishnamurti


Vous avez remarqué comme il est facile de se cacher derrière un mot ? Il y a quelques mois j’avais reçu un e-mail avec la mention « FYI ». FYI ? Je n’avais aucune idée de ce que cela voulait dire et j’ai donc répondu en demandant une explication que j’ai eu : « FYI : For Your Information », mais bien sûr ! où avais-je la tête !

Je lisais dans un autre mail de la même personne : « Vous trouverez les informations du dossier X dans le dossier éponyme. » Eponyme ? Allé ! un peu de dictionnaire et je découvre que derrière ce mot bien étrange se cache un concept très simple qu'on pourrait traduire par « du même nom », terme utilisé en littérature cinéma ou économie selon wikipédia. Pourquoi dire une chose simple de manière aussi complexe dans un contexte professionnel qui ne le mérite pas ?

A quoi sert donc de bâtir ainsi une communication incompréhensible ? Quelle cause cela peut bien servir ? Quelle conséquence cela engendre ?

On connaît tous l’expression qui dit que « moins on a de culture plus on l’étale ». Cela pourrait être une piste. Il y aurait peut-être bien un fonctionnement qui consisterait à vouloir s’étaler, se répandre, en montrer encore et encore, en faire voir de toutes les couleurs avec l’éclat de sa culture et de ses mots acquis à la force du poignet… Mais à quoi cela sert bon sang ? Je n’ai toujours pas de réponse.

En lisant ce matin un ouvrage, il m’est venu la compréhension suivante. Les mots et le vocabulaire sont comme un territoire. Plus on utilise des mots incompréhensibles pour le commun des mortels plus on agrandit son territoire et plus on se trouve protégé de la critique, ce qui nous sécurise, car pour nous atteindre, il faut réaliser un effort considérable.




Dans ce petit schéma le personnage vert, s’est entouré de plein de mots savants. Il a agrandi son territoire de communication et se trouve au centre, surprotégé de la critique qui pourrait venir du personnage rose qui lui vit avec des outils de communication plus simple.

Un vocabulaire compliqué met en place une drôle de relation. S’il vous manque une définition, vous êtes perdu ! On se trouve dans l’obligation de devoir faire un effort surhumain pour entrer dans ce terrain inconnu pour comprendre un univers codé. Un mot renvoyant à un autre qui renvoie à un troisième et à un quatrième, on consomme toute son énergie à comprendre le sens des mots au lieu de rester centrer sur la communication réelle.

N’est-ce pas ce que Krishnamurti voulait exprimer en nous demandant de ne pas laisser les mots penser à votre place ?

Les gens savants veulent grandir et évoluer, non ? Alors pourquoi se protéger ainsi ?

Plutôt que de gonfler notre univers de mots inabordables, est-ce que grandir et évoluer ne consisterait pas plutôt à augmenter notre capacité d’échanger avec les autres sans artifice et sans crainte ?

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